Avec la pluie verglaçante, c’est tous les jours video-gag à Montréal
Ce qui est bien quand on vient d’un pays tempéré et qu’on arrive dans un pays au climat totalement différent, c’est que la palette de manifestations météorologiques d’une saison est suffisamment étendue et variée pour que chaque semaine on découvre un phénomène nouveau. D’ailleurs, je n’ai jamais autant consulté la météo que depuis que je vis ici.
Cette
semaine, j’ai découvert la « journée tout en un », c’est à dire une
journée ou plusieurs phénomènes météorologiques se sont produits ; toute
la journée il y a eu des rafales de vents de 60/70 km/h (j’ai failli m’envoler
deux ou trois fois, oui oui, m’envoler !!), les températures sont passées
de 5° le matin à –5° l’après-midi, il a neigé, et est aussi tombé 2mm de pluie
verglaçante. Le principe de cette pluie étant que les gouttes de pluie froide
gèlent au contact du sol et des surfaces dont la température est inférieure à
0 °C, ce qui produit alors une couche de verglas, au sol et sur les objets.
Je
tenais à partager mon expérience de la pluie verglaçante parce que c’est un
phénomène dont je n’avais jamais entendu parler avant de venir ici et qui en
plus d’être assez surprenant, peut provoquer des situations rigolotes mais
également dangereuses. En plus de tous ces adjectifs qui j’espère attirent votre
attention, elle est à l’origine d’une catastrophe naturelle qui a marqué le
Québec en général et Montréal en particulier.
En
1998, a donc eu lieu au Québec ce qu’on appelle la « crise du verglas »,
pendant laquelle la région a reçu environ 80 mm de pluie verglaçante pendant 6 jours (du jamais vu ici).
Ce que ça a donné ? la glace s'accumule sur les fils électriques, les
pylônes se tordent et s'effondrent sous le poids de la glace, les transformateurs
explosent, les poteaux s'écrasent dans les rues, etc.. Plus d’un million de
Québécois se sont retrouvés sans électricité, sans lumière et sans chauffage en
plein hiver, certains d'entre eux ne seront rebranchés que quatre semaines plus
tard… En plus des dégâts matériels, il est dans ces cas là quasiment impossible
de marcher sur les trottoirs ou de rouler en voiture, la ville est comme une
immense patinoire.
Bref, c’était le bordel avec un grand B, des morts, des blessés, des gens sans maisons et des enfants sans école, obligés de squatter les gymnases ou autres locaux municipaux transformés en dortoir, une ville entière totalement paralysée. On en parle encore dans les chaumières avec une pointe d’émotion dans la voix, c’est le drame de Montréal des années 1990, c’est un peu leur tsunami ou leur Katrina à eux…
Enfin bon tout ça c’était aussi pour vous raconter
une petite anecdote me concernant. Après la pluie verglaçante de
mercredi, les trottoirs de Montréal se sont donc transformés en patinoire, et
l’autre jour, je me suis pris la rêche de ma vie en glissant sur le trottoir
verglaçé, sur le Boulevard de Maisonneuve, une des grandes artères du
centre-ville. Plus de honte peur que de
mal, heureusement, mais c’était quand même un grand moment se solitude, glisser
comme dans un mauvais gag et s’étaler par terre sur le trottoir en plein centre
ville, sur le coup, c’est vraiment pas le fun. Je me suis relevée vite fait et
suis repartie comme si de rien n’était, et le sentiment étrange d’humiliation
et de gêne passé, cette petite aventure s’est transformé en un petit film qui
m’a fait finalement rire le reste de la journée quand je me le repassais dans ma tête en imaginant la scène vue de l'extérieur. C’est bizarre ce genre de gag de base qui bien qu’il soit
mauvais nous fait quand même rire, non ?
Ce qui est sûr c’est que je suis loin d’être la seule à m’être rétamée dans les rues de Montréal, je le sais par différents témoignages de Montréalais, de français installés ici depuis un bout de temps, ou encore d’étudiant en échange comme moi. D’ailleurs, certains ont eu moins de « chance » que moi (car il y avait pas grand monde autour de moi lors de ma chute) et se sont étalés juste devant une station de métro, ou une file de personnes attendant le bus… j'ai aussi lu qu' en hiver, la majorité des personnes admises en urgence à l'hopital le sont pour cause de chutes dans les rues de la ville.
Et puis une fois que t'es par terre, en plus de ça, tu risques de te prendre un stalactite ou un bloc de glace sur la gueule... si si, même que c'est écrit sur les murs!!
Alors après, qu'on vienne pas me dire que Montréal n'est pas une ville dangereuse...